Ohio La belle rivière – Livre 1

Daniel Day-Lewis et les Mohicans ne sont pas convoqués dans cette balade en terre américaine dans un XVIIIe siècle marqué par le joug des colons, britons et français. Mais leurs cousins, Iroquois, Algonquins, Hurons et consorts, si. Toute ce petit monde tente de conquérir ou de survivre et parmi lui, des destins contrariés qui se retrouvent après s’être déjà croisés.

L’histoire : la guerre anglo-française de sept ans, en cette mi-XVIIIe siècle, fait rage en Amérique du Nord. Entraînés dans ce conflit, les Iroquois, d’un côté, et les Hurons et Algonquins de l’autre, s’entretuent également. Au milieu de toutes ces violences, Loup blanc et Loutre tentent d’éviter les ennuis en quittant leur maison avec leur papoose. Au cours de leur périple, ils tombent sur Jacques Carabine, un trappeur français, qui, lui, les collectionne. Et il se pourrait même que Loup blanc et Jacques Carabine se soient déjà croisés par le passé.

Mon avis : c’est une histoire méconnue car peu enseignée qui est proposée dans ce récit. Celle des guerres et escarmouches entre colonisateurs français et anglais en Amérique du Nord au XVIIIe siècle. L’idée, bien sûr, c’est de conquérir des territoires ou de l’influence, par soi-même ou par alliés interposés, en l’occurrence les natifs. Avec un corollaire quasi-automatique quand on parle de conflit, le but économique plus ou moins caché. Là, il s’agit de la rivière Ohio, de ses poissons et du commerce de fourrures.

C’est l’occasion également de découvrir les différentes tribus autochtones d’Amérique du Nord, contraintes de prendre position et alliées dans cette guerre. Sur le mode “Avec nous, ou contre nous”. Ainsi, les six nations iroquoises prirent-elles fait et cause pour les Angliches quand les Hurons-Wandats et les Algonquins servirent les intérêts français puisque opposés de longue date aux Iroquois.

L’avantage et c’est le secret – éventé – de la réussite, c’est que les auteurs parviennent à mêler la grande Histoire à celles des héros du récit. Là, un coureur des bois et ancien pirate français et un guerrier redouté et respecté de la tribu des Mohawks dont les destins se croisent adultes alors que ce fut déjà le cas par le passé. Le suspense est entier à la fin de cette série qui en comptera trois. Autre point, les scènes de combats sont puissantes et récurrentes, ce qui donne un rythme fort à la BD.

C’est une belle réussite, plaisante à lire, avec un climax qui oblige à lire la suite. De la belle ouvrage.

En accompagnement : l’occasion de se rapprocher de ce bon vieil Hugo Pratt et de son Fort Wheeling de référence.

Autour de la BD : Fred Duval, selon la formule consacrée, on ne le présente plus. Jour-J, West legends, Thorgal saga, XII mystery, Renaissance et tutti quanti. Ces simples évocations montrent la hauteur de l’auteur.

Brada, jeune dessinateur serbe, enchaîne les réussites avec un trait précis en diable : Jour-J, L’expert, Lignes de front.

Les + : le dessin et l’ambiance fidèles à l’époque, le destin des personnages clés, dont un Jésuite pas piqué des Hannetons, le rythme.

Les – : une petite carte pour nous situer le tracé de la rivière Ohio n’aurait pas été de trop.

  • Scénario : Fred Duval
  • Dessin : Brade
  • Couleurs : Jean-Paul Fernandez
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 15,95 €

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