Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir un papa narcotrafiquant… Juan Pablo Escobar, si, même si c’est peut-être pour son plus grand malheur. Dans cette autobiographie, le fils de Don Pablo dresse un inventaire à la Prévert des assassins chargés d’assurer sa sécurité. Si lesdits tueurs sont portraitisés, c’est avec une forme de tendresse infantile. Tous mis bout à bout, cela ne fait pas un scénario construit et c’est bien dommage car il y avait probablement matière à faire beaucoup mieux.

L’histoire : pas simple d’être le fils du plus grand narcotrafiquant que la Terre a jamais porté. C’est le destin de Juan Pablo Escobar qui avait, dans sa prime enfance colombienne, de surprenantes nounous. Des gardes du corps aussi fous, que défoncés et dangereux qui devaient répondre sur la vie du destin du nino. Une éducation radicale qui vous marque à vie.

Mon avis : Sebastian Marroquin, aka Juan Pablo Escobar, fils de…, s’était déjà épanché sur sa destinée aussi singulière qu’éprouvante ou irréelle dans son best-seller Mon père. Là, il revient à ses toutes jeunes années ; à son enfance pas toujours drôle mais extraordinaire. Celle d’un gamin, qui, à dix ans, n’avait absolument aucun ami, faute de pouvoir partager quelque chose avec eux, mais déjà dix motos, une voiture et un appartement à son nom. Celle d’un minot embarqué à son corps défendant dans la clandestinité nécessaire au business de son padre. Celle d’un niston qui entretenait des relations particulières avec ceux chargés de le protéger puisque vivant en vase clos avec eux.

C’est en cela un ouvrage très intéressant. Ce genre de confessions est extrêmement rare et lève un coin du voile sur une enfance volée qu’on ne saurait totalement imaginer. La parole de Juan Pablo Escobar, aussi bien en pré qu’en post-face, est donc d’or. Il y a un côté documentaire, forcément un peu romancé des années plus tard pour celui qui affiche bientôt 46 ans au compteur.

Mais, et c’est un grand MAIS, la construction de ce récit imagé laisse franchement sur sa faim. On a ainsi une juxtaposition de portraits des différents bodyguards, sur un mode très enfantin, avec un regard trop juvénile qui se contente de narrer des anecdotes. Hors, la juxtaposition d’anecdotes ou de récits ne fait pas un récit structuré ou scénarisé. C’est assez pauvre en la matière. Et le côté témoignage est beaucoup plus intéressant et marquant en dehors des bulles, ce qui est extrêmement gênant quand on sort une bande dessinée.

Ce qui aurait pu être une incroyable mine d’or tombe un peu à plat, avec un gros manque de liant. On était impatient de découvrir cette histoire, on l’a été tout autant de la terminer.

En accompagnement : difficile d’échapper aux trois saisons de Narcos pour mieux appréhender qui était le daron.

Autour de la BD : Juan Pablo Escobar s’est assuré la collaboration de l’Argentin Pablo Martin Farina, un ami de longue date et réalisateur de Countdown to death : Pablo Escobar. Au crayon, Alberto Madrigal, apprécié, notamment, sur Berlin 2.0, apporte des teintes pastels et un trait évanescent.

Les + : le témoignage iconoclaste, les à-côtés de la BD.

Les miens : le lien quasi-inexistant entre chaque portrait, la mansuétude et la réhabilitation bon enfant de tueurs.

Écrit par Juan Pablo Escobar et Pablo Martin Farina
Dessiné par Alberto Madrigal
Édité par Soleil
Prix : 18,95 €

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