Enmbedded with the YPG to Raqqah… Voilà le charmant programme de voyage proposé par le camp de vacances syrien des Yekîneyên Parastina Gel, plus connues sous le nom d’unités de protection du peuple, chargées de défendre les Kurdes et de libérer leur territoire de Daech. Un récit autobiographique d’un jeune Français, engagé avec elles, aussi prenant que documentaire et terrible de sens sous les bombes et les tirs des snipers.

L’histoire : André Hébert, un jeune Français en quête de sens et d’engagement, prend fait et cause pour les Kurdes de Syrie au point d’aller combattre, à leurs côtés, les séides de Daech. Dans un conflit asymétrique, Ce communiste internationaliste intégrera plusieurs bataillons jusqu’à la libération, en 2017, de la capitale provinciale, tombée, en 2013, sous le joug de l’État islamique.
Mon avis : c’est sa Guerre d’Espagne à lui. A ce jeune Parisien, qui tomba dans le militantisme à l’âge de 14 ans et qui se passionna très rapidement pour la cause kurde, l’une des seules au monde qui proposent une révolution égalitariste. Si les adeptes du Che guerroyaient en Afrique et en Amérique du Sud, les cocos intrépides du moment bichent le mouvement kurde et ses jolies valeurs. Des idéaux bafoués par ces fous de Dieu. Après un soutien à coups de pétitions et de manifs, André, c’est son pseudo, a feint un voyage culturel en Turquie pour aller au feu.
Dans une des guerres les plus atroces depuis bien longtemps, il nous offre un véritable journal de guerre. Un précieux recueil de ses émotions, de ses ressentis, de la difficulté et l’horreur de la guerre. Des petites joies et des grandes peines du quotidien. Avec, en filigrane, un conflit interminable et particulièrement meurtrier. Un modèle d’engagement et d’absolutisme des idées sur les dangers. Pas le parcours d’un héros, juste celui d’un idéaliste qui n’a pu tolérer la souffrance d’autrui et qui a puisé son courage dans celui de ses camarades de combat. Une sacrée leçon tout de même.
C’est un témoignage extrêmement fort et poignant, on a l’impression de vivre ce conflit depuis l’intérieur, pas avec un mercenaire avide de sensations fortes et de billets verts mais avec un monsieur-tout-le-monde qui a dit stop. L’ambiance de ce récit est apocalyptique grâce, aussi, à la magie du crayon d’Otero qui nous livre une masterclasse de noirceur et de réalisme.
Cette BD est un document à lire absolument. Sans condition !



En accompagnement : comme une évidence, lire Jusqu’à Raqqa du même auteur, paru aux Belles lettres qui vous en dira encore davantage sur cette aventure exceptionnelle.
Autour de la BD : Nicolas Otero, révélé par Amerikkka, intervient aussi sur l’excellent Réseau Papillon, donne une dimension grandiloquente mais réaliste au récit d’André Hébert.
Les + : le témoignage poignant, la mise en images, la force du récit
Les – : sans originalité, on aurait eu envie que ce récit ne s’arrête pas et surtout qu’on en sache davantage sur l’après vécu par André qui fera peut-être l’objet d’un prochain ouvrage.


Écrit par André Hébert
Dessiné par Nicolas Otero
Édité par Delcourt
Prix : 17,50 €