Pas facile de passer d’ado à adulte. Nos rêves nous accompagnent toujours mais nos vies ne les écoutent pas toujours. Vincent en fait l’amère expérience, au point de renverser la table et de tout quitter pour retrouver une partie de sa jeunesse. Pas simple, non plus, de digérer les premiers départs dans une existence qu’on croyait sans épines. Fidji nous questionne à la suite d’un road-trip déchaîné où le bonheur n’est pas forcément au rendez-vous. Même si l’amour vaincra. Toujours.

L’histoire : Vincent, même pas 30 ans, est dans le dur depuis quelque temps. Son amoureuse, Lucie, tente de le maintenir à flot mais son homme a du mal à accepter son passé et croit qu’il mérite son présent. La faute à un absent de marque, Sam, son pote de jeunesse, qui a disparu aux Fidji. Sauf que ce compère réapparaît dans la vie de Vincent, ce qui a le don de tout chambouler. Son job, ses amours, ses emmerdes et, surtout, son sens des réalités. C’est alors parti pour un road-trip qui n’est pas certain de bien se terminer.

Mon avis : c’est extrêmement bien construit avec un final auquel on ne s’attend pas franchement. Du moins pas à la première lecture. Ensuite, on cherche des indices tout au long du récit pour s’assurer que notre théorie est la bonne. Ce qui s’avèrera le cas in fine. Le processus fonctionne parfaitement pendant les 150 premières pages de ce récit fleuve, avant que le pot aux roses ne soit découvert et ne donne encore plus d’envergure et de relief au scénario. Voilà pour la forme très bien travaillée.

Pour le fond, il s’agit d’une histoire d’amitié puissante et son corollaire, le manque. D’une fraternité née aux confins de l’enfance et qui se poursuit adulte avec tous les freins liés aux changements dans nos existences. Entre une vie rangée, et bien rangée, et une aventure épicée, et bien épicée. Chaque quadra pourra se retrouver dans cette situation qui vire au dilemme.

Cela touche aussi à l’inéluctable “show must go on” lorsque un proche quitte notre “lebensraum”. Comment accepter le départ et comment continuer à vivre comme avant lorsqu’une partie de soi s’en est allée. Avec une existence, qui, elle, ne freine pas. Comment retrouver une part de quiétude quand la vie nous pique les yeux, pas beaucoup, juste un petit peu.

C’est beau et tragique, l’amour finit pas triompher mais dans la douleurs, après force soubresauts, après maints hésitations et détours. Faut dire que c’est pas si proche les Fidji, ni facile d’y aller. Seul ou accompagné.

En accompagnement : soit un bon rock des familles (Doors, Nirvana, Beatles) ou alors, à l’opposé, Aupa BO de Michel Etcheverry. Deux salles, deux ambiances.

Autour de la BD : Jean-Luc Cano est un touche-à-tout qui s’épanouit dans le cinéma, le jeu vidéo ou encore la bande dessinée. On lui doit notamment Elric chez Glénat. Le Bisontin Pierre-Denis Goux collabore à la série Nains. Avec un style dynamique.

Les + : le scénario inattendu, le rythme, les questions qui restent derrière la BD

Les – : peut-être eût-il été utile de dater davantage les différents moments.

  • Scénario : Jean-Luc Cano
  • Dessin : Pierre-Denis Goux
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 22,95 €

Related Posts

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *