
La montagne, ça vous gagne. Trop par moment. Dans un paysage idyllique, un groupe d’alpinistes s’attaque au plus haut sommet de l’Oregon. C’est sans compter sur la présence de chasseurs qui vont méchamment lui perturber le séjour. Avec la loi du talion bien ancrée dans leurs caboches, ils vont nous entraîner dans une aventure sombre ou beaucoup risquent d’y risquer. Les premiers seront-ils les derniers ?
L’histoire : ce devait être une simple sortie en altitude pour ces alpinistes expérimentés. Sauf qu’au pied du mont Jefferson, ils ont croisé une sorte de milice de chasseurs avec des très jeunes tireurs, tu connais l’Oregon, on peut tenir un fusil à l’âge de 11 ans. Sauf que l’un des mômes a accidentellement tiré sur un membre de ces randonneurs de haut vol. C’est là que tout déraille, que les hommes deviennent fous et qu’ils cherchent pour certains à s’entretuer, pour d’autres à juste connaître le bonheur de la prochaine seconde.
Mon avis : tout sauf une surprise avec Christophe Bec, le scénario est haletant. Du début jusqu’à la fin. Cet auteur, très à l’aise en science-fiction, a une facilité naturelle avec les rythmes rapides de ces récits. On n’a pas une seconde pour reprendre notre souffle, les pages de départ mises à part, cela tombe comme à Gravelotte, et une mort chasse l’autre dans un crescendo de suspense qui nous fait dévorer la BD à un rythme tout aussi élevé que le mont Jefferson et ses 3200 m.
La force du récit, également, c’est les petites histoires perso de chaque personnage du groupe d’alpinistes. Des petites digressions, qui allègent le récit global, et qui permettent de mieux cerner les personnages et de comprendre pourquoi ils agissent ainsi dans l’intrigue principale. Cela donne de la profondeur à la narration.
Plus globalement, la construction du scénario, semblable dans sa philosophie à ces veines, comme Les 10 petits nègres, où les éliminations de chacun des protagonistes pour n’en laisser plus qu’un, densifie le récit et lui donne du souffle.
Cette aventure, c’est aussi la confrontation entre plusieurs mondes. Celui des chasseurs qui s’arrogent un territoire, sûrs de leur bon droit, et des alpinistes qui ne font que passer mais qui doivent composer avec cette petite armée en campagne. C’est également un éclairage sur des lois qui nous apparaissent hallucinantes de l’autre côté de l’Atlantique. Dans l’Oregon, cela dépend des états, on peut chasser à 11 ans révolus et commencer sa formation à 10 ans et demi. En France, la limite basse est tout de même fixée à 15 ans.
Pour résumer, ça marche dans la mouvance de toutes ces histoires survivalistes qui sont très à la mode depuis quelques années. Là, il s’agit du premier opus sur les quatre que doit proposer la série dont chaque tome se suffit à lui-même.
En accompagnement : une bonne partie de The last of us sur la console de votre choix.
Autour de la BD : Christophe Bec des scénarios fantastiques, voire d’anticipation. On lui doit parmi pas mal de réussites, l’excellence série Olympus mons. Son comparse, Valerio Giangiordano s’épanouit dans les Marvel mais s’offre aussi des respirations dans la BD plus classique.
Les + : l’ambiance donnée par le dessinateur, la vitesse d’exécution
Les – : la fin en faux happy end.
- Scénario : Christophe Bec
- Dessin : Valerio Giangiordano
- Editeur : Soleil
- Prix : 15,50 €