
En novembre, la Maison blanche connaîtra son prochain locataire pour les quatre prochaines années. On espère bien que ce sera une première. Femme et occupante plutôt qu’un récidiviste qui connaît déjà bien les lieux. Ce coin surprotégé mais pourtant ouvert à la presse, vous aurez l’opportunité de bien l’appréhender grâce à cette bande-dessinée qui tend vers le docu de qualité. Réjouissant.
L’histoire : grâce à deux journalistes accrédités à la Maison blanche, pas le Real madrid, hein, on se retrouve dans les couloirs de la plus grande démocratie du monde. Sous trois présidents, les trois derniers, les deux témoins nous racontent de A à Z les tribulations à bord d’Air force one, les breefings dans la west wing, les déclas en off de Potus (Président of the United States). A quelques semaines d’une élection, à nouveau capitale, c’est un bon moyen de se plonger un peu plus dans ce qui fait le sel de la politique américaine.
Mon avis : c’est un gros bonbon, bien sucré mais aussi légèrement acidulé avec un cœur mystérieux qu’on a envie de faire durer dans sa bouche que cette Maison blanche. On a vraiment l’impression d’être à l’intérieur de l’énorme machinerie que sont la présidence américaine et sa représentation physique, sise 1600 Pennsylvania avenue à Washington DC. C’est la grande force de ce récit, on en apprend énormément sur des détails qui en disent long. Comme les manchettes gravés 45 de Donald Trump, 45e président des USA, comme la machine à café de la salle de presse offerte par… Tom Hanks, comme les roses préférées, blanches, de Joe Biden, comme les escapades au Starbucks ou à Stonehenge de Barack Obama…
Il y a beaucoup d’anecdotes, d’explications sur les modes de fonctionnement, le fait d’avoir servi pour l’AFP sous trois présidents permet aussi de dégager des comparaisons, sur les manies, les lubies, les apparences de chaque Potus, ses relations à la presse avec la distance d’Obama, la proximité de Biden ou les impromptus de Trump qui balança pas moins de 45 000 tweets lors de son mandat.
On apprend également pour quoi le bureau ovale est… ovale, quand a été construite l’aile ouest, à quoi servait la piscine sous la salle de presse, quand il y a un marine devant la porte d’accès de l’aile ouest…
Cela nous permet également de comprendre les différences d’appréciations et de mentalités concernant les journalistes. Ils sont 49 (dont l’AFP) à avoir le rond de serviette dans le pool presse. 49 à suivre le président un peu partout sur la planète et qui travaillent tous les jours depuis la Maison blanche. Alors qu’en France, l’Elysée est inaccessible, tout comme les ministères.
Courez-le lire, on ne s’ennuie pas, on apprend plein de trucs, ce sont des faits bien ordonnancés et qui lèvent une partie du voile sur un univers qu’on ne connaît traditionnellement que dans les séries TV. C’est un vrai délice.
En accompagnement : c’est une évidence, matez The West wing qui sera un complément idéal à cette BD.
Autour de la BD : Jérôme Cartillier a passé 7 ans à la Maison blanche pour le compte de l’Agence France press. Un jour, il a même fait du tapis de course à côté de Barack Obama. Son compère, Karim Lebhour, était en poste à l’ONU et au Proche-Orient. On lui doit les très bonnes Une saison à l’ONU et Une saison en Ethiopie. Au crayon, Aude Massot apporte une fluidité utile dans le récit.
Les + : le côté inside, la capacité à parler de choses tant insignifiantes que déterminantes, le côté pédagogique
Les – : on n’a pas trouvé
- Scénario : Jérôme Cartillier et Karim Lebhour
- Dessin : Aude Massot
- Editeur : Delcourt
- Prix : 17,50 €