Dans la famille des chars, je demande le B1 bis français. Aussi lente que solide, cette forteresse sur chenilles ne craignait personne sur le champ de bataille des années 40 à part les canons anti-aériens teutons de 88 et 105 mm. Biographie d’un engin que beaucoup nous ont envié et que les Allemands se sont appropriés en le modifiant pour le rendre encore plus redoutable.

L’histoire : 1944, opération Market garden, un parachutiste de l’armée anglaise, découvre un étonnant char allemand à Arnhem aux Pays-Bas. Teuton qui a quitté l’ogre nazi pour rallier la France avant guerre, il est aussi un excellent mécanicien qui reconnaît parfaitement l’engin qui a devant lui. Pour une raison simple, c’est lui qui l’a fabriqué…
Mon avis : sixième opus de la série Machines de guerre, le B1 bis est du même tonneau que ses grands frères. Didactique, pédagogique, graphique et adroitement scénarisé. Je suis littéralement tombé en amour devant ces bandes dessinées indépendantes les unes des autres qui racontent chacune un pan du conflit qui bouleversa le monde dans les années 40. Des destinées individuelles inventées pour des machines bien réelles qui dépeignent une histoire collective. C’est d’ailleurs assez intéressant que la grande théorie qui veut que l’armée française souffrait d’un impossible retard sur son homologue allemande en 1939 en matière de blindés soit battue en brèche par nombre d’historiens aujourd’hui. Cet opus adopte d’ailleurs ce contre-point. On a beau être historien de formation, on ne peut ni incliner d’un côté, ni de l’autre mais il y a tout de même une constante qui émerge depuis plusieurs années, c’est l’impréparation de l’armée française et particulièrement en termes d’intendance. C’est bien simple, on dirait que Poutine s’en est inspiré pour mener sa guerre en Ukraine. C’est plus le manque de liant dans la capacité à fournir du soutien, de l’essence que le manque en lui-même de chars qui a décimé les divisions frenchies.
Il y a donc le récit historique que chacun appréciera mais également, en sus, un cahier technique très bien fait qui nous en dit plus sur les talents et les failles de cette limace digne d’un coffre-fort qui passait partout…

En accompagnement : une petite visite dans les Ardennes à la butte de Stonne qui culmine tout de même à 338 m et qui symbolise les 17 fois en quatre jours où elle a changé de mains lors de cette mémorable bataille de chars entre Français et Allemands en 40. Avec un mémorial et un char qui y a participé.
Autour de la BD : Jean-Pierre Pécau est encore et toujours à la baguette d’une série qui est son bébé et qui frappe par la qualité du scénar’, certes, mais aussi et surtout par la force du dessin offert par les Bosniens Senad Mavric et Filip Andronik, deux compères qui en sont à quatre tome dans cette série. Mavric, en solo, a signé toutes les BD.

Les plus : le cahier technique, le dessin, la série de valeur égale
Les moins : on en redemande avec des aventures en 48 pages qui nous laissent un peu sur notre faim
Ecrit par Jean-Pierre Pécau
Dessiné par Senad Mavric et Filip Andronik
Edité par Delcourt
Prix : 15,95 €