Dans l’imaginaire collectif français, il est celui qui a redonné la fierté à ses compatriotes à l’issue de la fessée reçu en 1940. Avec ses poings, il a atteint les sommets. Avec les femmes, itou. Mais qui se cache derrière cet incroyable destin ? Marcel Cerdan pose les gants et se met à nu grâce au talent de conteur de Bertrand Galic. Un véritable hymne à l’amour.

L’histoire : vie et mort du Bombardier marocain. De sa naissance en Algérie à son adolescence au Maroc, de son père autoritaire à sa mère refuge, de son impossibilité à se battre contre les Nazis à son entrée dans la Résistance, des rings européens aux plus glorieuses salles US, de sa prime amourette à ses nombreuses conquêtes, le destin de Marcel Cerdan, le plus grand servant du noble art en France.

Mon avis : c’est un monument du sport et de l’idéalisme français et pourtant on n’en sait très peu sur celui que la presse qualifia d’homme aux mains d’argiles. Pour le grand public, on se souvient de son aventure avec la môme Piaf. Les férus de boxe anglaise retiennent l’ascension d’un champion hors normes au tournant du XXe siècle. Évidemment que cette BD s’arrête sur ces deux trajectoires mais ce n’est pas tout à fait le propos de cette biographie. L’angle vise à mieux connaître l’homme derrière le boxeur comme fait plus que le suggérer le titre.

Ce biais est une réussite totale car si les exploits de Cerdan sont connus de tous, sa vie en dehors des cordes l’est beaucoup moins. Son enfance, particulièrement. Son aversion pour la boxe au départ lui le fana de foot, sa conversion pour soulager sa mère d’un père plus qu’autoritaire, ses premiers pas dans l’âge adulte, aussi. Son aversion pour la croix gammée, son envie d’en découdre avec l’envahisseur, au point de boxer pour la Résistance. Son irrépressible besoin de séduire la gent féminine, lui le beau gosse à la gueule pas trop cassée. Son sens de l’honneur et de l’amitié pour celui qui resta fidèle à son premier entraîneur, Lucien Roupp… Et puis le destin tragique de la fratrie. A commencer par Marcel, mort dans un crash d’avion aux Açores alors qu’il allait disputer une revanche face au mafioso Jake La Motta. Et ses trois frères décédés tragiquement.

Marcel Cerdan est inscrit au patrimoine immatériel de la France. Dans l’imaginaire collectif, il a aussi permis à notre pays de redevenir fier de lui en collectionnant les titres à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale où on rasait les murs. Le bombardier marocain doit aussi son entrée dans la légende du roman national à la brièveté de son existence et à la façon dont elle s’est terminée. En pleine gloire et victime du destin.

En accompagnement : Edith et Marcel de Claude Lelouch.

Autour de la BD : Bertrand Galic, très souvent associé au scénariste Kris, tient le fil de son récit à une seule mail. On leur doit l’excellent Un maillot pour l’Algérie. Le prof breton s’éclate dans l’évocation des faits historiques et son parti-pris dans ce récit sur Cerdan est assurément le bon. Son compère au crayon, Jandro, le Valenço-Barcelonais primé dans de nombreux concours d’illustration, offre un trait chaud aux aventures du boxeur.

Les + : le postulat de départ, la mort de Cerdan ; la découverte de l’homme

Le – : on aurait aimé plus de boxe mais ce n’est pas le pari de l’auteur

  • Scénario : Bertrand Galic
  • Dessin : Jandro
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 22,50 €

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